Vies cousues, un chef d’oeuvre !

Lundi 16 janvier 2023

Une exposition au Petit écho de la mode a mis en lumière le projet « vies cousues », réalisé par les élèves en bac pro mode au lycée Jean Moulin à Saint-Brieuc. Récit de la genèse d’un chef d’œuvre.

Par où commencer ? Un tas de vieux vêtements abandonnés ? Des récits intimes imaginaires ? Des techniques de broderie ? La rencontre avec une artiste ? Une exposition à l’Abbaye de Beauport ? Une autre au Petit écho de la mode ? Suivons cette dernière piste, et essayons d’en tirer tous les fils de ce projet.

Fil conducteur

« Vies cousues » a démarré en octobre 2021 pour les 21 élèves de la 1re pro métiers de la mode du lycée Jean Moulin à Saint-Brieuc par la visite de l’abbaye de Beauport à Paimpol. On y conserve précieusement, et on y restaure des vêtements anciens, tabliers, bonnets, jupons, brassières… Pour son spectacle « Femme à Lumens » l’artiste comédienne et couturière Anne-Sophie Boivin conçoit des vestes dans lesquelles sont dissimulés photos et petits objets qui racontent l’histoire de son propriétaire. Ils révèlent une personnalité, une histoire.

Inspirés par ce travail et guidés par Anne-Sophie Boivin, les élèves visitent le lieu avec elle. Un peu plus tard en octobre, nous les retrouvons dans les ateliers du lycée. Au centre de la pièce, un tas de vêtements récupérés chez Emmaüs. A chaque claquement de mains d’Anne-Sophie, les élèves s’emparent d’un vêtement, le revêtent, expriment ce qu’il ressentent et imaginent la vie qu’ils pourraient avoir en portant ce vêtement précis. Le projet se poursuit avec un atelier sur le fétiche, d’autres sur l’insertion de photos et la création de cyanotypes.

Le projet est lancé. Les élèves raconteront, dans un vêtement, la vie d’une personne, qu’ils ont connue ou pas. Ils offriront ainsi une deuxième vie à ce vêtement, chargé d’une portée symbolique. Au total, 12 ateliers feront se rencontrer élèves et artiste. Douze journées qu’Anne-Sophie ressent comme « un laboratoire de création, de questionnements, de recherche de matières premières, de méthodologie pour les faire avancer, chacun, dans leur projet ».

Les vêtements, mais aussi des pièces de mercerie, des broderies, des bijoux, sont récupérés chez Emmaüs. Petit à petit, ils sont brodés, accessoirisés, personnalisés par chacun des élèves. Ils prennent vie.

Parallèlement, en atelier d’écriture avec la poète Alice Baude, les élèves imaginent une lettre qu’ils pourraient avoir trouvée dans les poches d’un habit. Ils réalisent pour chaque personnage un autoportrait et une autofiction. Elle les tape ensuite à la machine. Dans ces textes se découvrent des messages d’espoir, de confiance en soi, de reconstruction, de passion.

Donner à voir

L’aventure se poursuit par une exposition au Petit écho de la mode, à Châtelaudren, les 21 et 22 mai 2022 lors du festival « l’effet mode ». Les dispositifs d’accrochage proviennent eux aussi d’Emmaüs : roues de vélo, rideaux… Toutes les créations sont là, chacune raconte l’histoire d’une aventure artistique intime et personnelle, vécue dans un cadre collectif.

Quatre des costumes ont été exposés tout l’été au magasin Emmaüs de Quimper, afin que le public et les Compagnons puissent apprécier comment les rebuts ont été métamorphosés.

Em mai dernier, les élèves ont découvert une nouvelle forme, travaillée pour l’occasion, de « femmes à lumens », présentée au lycée et à l’abbaye de Beauport.

Le chef d’œuvre, épreuve finale

Ce projet répond aux exigences du référentiel de la formation. En lettres, les itinéraires romanesques et l’invention de l’imaginaire, en histoire, les hommes et les femmes au travail en France. L’analyse de sa pratique, sa confrontation avec celle d’un artiste, la mise en forme plastique de l’imaginaire, en arts appliqués. La place de la « fast fashion » est aussi questionnée, celle de l’engagement citoyen est abordée de manière très concrète et porteuse de sens. Quant aux apprentissages professionnels, ils ont nourri le projet : technologie des matières et du vêtement, techniques de points de broderie à la main et à la machine… A l’issue de leur formation, en mai 2023, les élèves présenteront ce projet dans le cadre de leur épreuve de chef d’œuvre, qui comptera pour l’obtention de leur bac professionnel. Souhaitons-leur toute la réussite qu’ils méritent !

« Je crois que j’ai compris le sens de ce qu’on a fait ensemble. C’est ce qui compte » un élève

Photographies de l’exposition et textes sont rassemblés dans un livret, que l’on peut feuilleter en ligne.

Les élèves : Romain, Mathilde, Jade, Mathis, Maëline, Sandra, Émilie, Emma, Pauline, Ayélie, Violaine, Lynn, Maïwenn, Enola, Thelma, Anaïs, Angeline, Gioia, Élisa, Aksèl, Adline.

Les professeurs : Sophie Hédan, Laure Pierre, Gilles Perrot, Nadine Rault et Guillaume Allain, directeur délégué aux formations.

Ce projet, initié par l’abbaye de Beauport a été soutenu par Emmaüs St-Brieuc et Quimper-Rédéné, la Direction régionale des affaires culturelles, la DAAC Bretagne, le Petit écho de la mode à Châtelaudren et la Région Bretagne

Voir en ligne : la page sur le projet sur le site de l’Abbaye de Beauport

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