La résidence a été partagée entre trois établissements d’Hennebont, avec les classes de CM1 et CE2 de l’école Pierre et Marie Curie, de 3e du collège et de 2de, 1re, terminales et BTS au lycée Victor Hugo, établissement charnière où la résidence prend appui. Ces établissements sont situés sur un territoire commun, à quelques centaines de mètres les uns des autres et à proximité de la structure culturelle partenaire, la galerie artothèque Tal-Coat.
Tisser des liens
Les équipes se sont appuyées sur deux entrées du programme de lycée : « la nature à l’œuvre » et « art, science et nouvelles technologies : dialogue ou hybridation ». Ces entrées ont suscité une émulation chez les enseignantes du 1er degré et du collège qui y ont vu les liens possibles avec leurs programmes.
Cette action a incité des croisements possibles de toutes les spécialités en fonction de la nouvelle réforme qui induit des métissages inattendus pour certains enseignants : NSI, arts plastiques et mathématiques, par exemple. Ces métissages questionnent et indiquent que le cadre disciplinaire doit s’ouvrir pour donner des perspectives concrètes aux élèves en s’appuyant sur des expériences du monde professionnel. L’autre objectif implicite était de questionner la place de l’artiste dans la société.
Collaborer
Le projet a été proposé aux équipes pédagogiques. Avec l’aide des référentes EDD et Egalité des genres au lycée, des pistes de réflexion possibles ont émergé pour que les collègues s’en emparent dans leur enseignement. Par exemple, l’utopie et la dystopie, l’idée de progrès, le conte philosophique au programme du bac, le vivant… Un espace de partage a été créé pour nourrir une réflexion accessible aux trois établissements et aux artistes. Une sélection d’œuvres de l’artothèque d’Hennebont a été exposée et étudiée dans les trois établissements autour de ces questions de mobilités, d’habitats et d’énergies.
Avant, pendant, après
En amont de la résidence, les enseignantes ont organisé une première rencontre de pratiques artistiques entre les trois établissements au Parc de Kerbihan à Hennebont. Les élèves ont représenté la nature au moyen de différents ateliers avec des outils traditionnels et numériques. Les objectifs étaient de leur faire voir et percevoir ce qui les entoure. Observer, pour comprendre et apprendre. Et enfin collaborer, verbaliser collectivement, être en empathie à travers la pratique du dessin sur le motif.
Des interventions et des ateliers ont été répartis dans les trois établissements, autour de trois grands domaines : mobilités, habitats, énergies. L’ensemble du processus de création des élèves a été exposé lors des journées de performances du collectif d’artistes présentées au Lycée Victor Hugo.
Enfin, la semaine de résidence s’est déroulée du 14 novembre au 22 novembre 2022.
L’aboutissement
Cinq performances de 45 minutes qui se sont déroulées sur le temps scolaire et en soirée ont impliqué différentes disciplines (SVT, mathématiques, histoire-géographie, langues, français…) Au total, plus de 500 élèves et personnels des établissements ainsi qu’une cinquantaine de familles y ont assisté et 200 élèves ont été directement impliqués dans le projet.
L’ensemble des travaux d’élèves a été présenté dans le hall avant d’entrer dans l’espace de la performance. Cette résidence a permis de nourrir le projet artistique du bac des terminales en spécialité arts plastiques. Les élèves de 3e se sont projetés au lycée, notamment en spécialité ou option arts plastiques.
Le projet de résidence partagée a été reconduit avec une fête artistique commune en décembre 2024 avec la compagnie « l’être humaine ».
Si les équipes ont eu quelques doutes en amont sur la rencontre entre les différents âges, l’expérience leur a prouvé qu’elles avaient eu raison de tenter cette expérience originale et ambitieuse.
Les artistes
Le choix du collectif d’artistes s’est fait en fonction de l’intérêt pour leur expérience de co-création, de l’intérêt pour la diversité de leurs parcours professionnels en cohérence avec une approche spiralaire et transversale des programmes scolaires. Les trois artistes présents lors de la résidence étaient : Louis Clément, architecte, directeur artistique du projet, Delphine Descombin, conteuse et trapéziste, Yovan Girard, violoniste et chanteur. A distance, il y avait Maxime Hurdequin, illustrateur et Maxime Touroute, ingénieur visuel.
Les réalisations artistiques inter-degrés ont intégré le fond de la Créatek du lycée. On emprunte des travaux d’élèves comme on emprunte des livres au CDI. Une distinction est faite entre une œuvre et un travail d’élève. Cette différence de statut peut questionner, elle a fait l’objet d’une discussion avec la responsable de l’artothèque d’Hennebont qui a souhaité en faire la distinction ainsi qu’au sujet de l’appellation Créatek plutôt qu’artothèque. Le titre et le logo sont des propositions travaillées avec les élèves. Cette Créatek ne fait pas appel au don d’artistes. L’artothèque pense que l’artiste ne doit pas donner ses œuvres. Ce parti pris est partagé. Les œuvres d’artistes qui sont dans la collection de la Créatek sont les œuvres acquises par le lycée ou issues des résidences d’artistes.
Les enseignants
- Emilie Sort et Christine Rault, professeures des écoles Pierre et Marie Curie.
- Hélène Julien, enseignante référente aux usages du numérique sur la circonscription d’Hennebont.
- Solenn Nicolazic, enseignante en arts plastiques au Lycée Victor Hugo à Hennebont, formatrice et référente culture du Lycée Victor Hugo, également nourrie par sa pratique de plasticienne/performeuse qui questionne la tension entre nature et culture.
- Sylvia Baugé, conseillère pédagogique départementale pour les arts et coordinatrice Ecole et Cinéma.
- Delphine Gourret, professeure d’arts plastiques et référente culture au Collège Pierre et Marie Curie.
Ce projet a été soutenu par l’académie, la Région, le conseil départemental du Morbihan, la Ville d’Hennebont et réalisé avec la galerie artothèque Tal-Coat et la médiathèque à Hennebont.