Les candidats se sont présentés dans deux catégories, selon leur niveau de formation : au niveau 4, trois élèves en Brevet des métiers d’art (BMA) et au niveau 5, huit étudiants en Diplôme national métiers d’art et design (DNMADE). Deux métiers étaient représentés, par une candidate en staff décor et huit horlogers.
Embarrassez-nous !
« Embarrassés, nous le serons parce qu’il va nous falloir choisir parmi vous celui ou celle qui remportera ce prix et défendra les couleurs de l’académie et de ses formations au niveau national » déclare David Guillerme, délégué régional académique à l’éducation artistique et culturelle et président du jury. « Nous avons consulté vos dossiers, regardé les photos de vos pièces et les voici à présent exposées devant nous. Et nous savons déjà que ce sera difficile. Mais surtout, n’hésitez pas à nous embarrasser plus encore ! » Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les candidats ont relevé le défi !
Ils avaient 15 minutes pour exposer les qualités à la fois techniques et artistiques de leur projet, expliquer leur démarche, argumenter leurs choix et tenter de convaincre le jury que leur créativité, leur regard et leur intelligence face à la matière méritaient un premier prix.
Le jury avait deux mots d’ordre : bienveillance et exigence. Il a débattu passionnément pour élire les meilleurs ambassadeurs de la Bretagne au concours national.
Encourager les talents
Ce jury n’aurait pu se tenir sans les artisans d’art qui ont accepté de consacrer leur journée à ce concours, alors qu’ils ont tant à faire. « Je me risque à parler pour eux » poursuit David Guillerme « mais je pense qu’ils partagent notre attachement aux valeurs de ces métiers, valeurs de créativité, d’exigence et de qualité, et notre conviction que l’avenir des métiers d’art passe par la formation et l’encouragement des talents. »
Un immense merci à Christophe Evellin, orfèvre à Rennes et Patrice Travaillard, maître artisan coutelier qui ont fait preuve de beaucoup de curiosité, multipliant les questions pour bien saisir les intentions affichées par les candidats.
A leurs côtés, Chloé Orveau, professeure d’arts plastiques et conseillère pour le domaine « arts visuels », dont la sensibilité esthétique conjuguée à ses références conceptuelles nous a permis de mieux comprendre recherches et choix formels.
Le jury était accompagné de deux experts, Didier Marquet, professeur au lycée Jean Jaurès pour l’horlogerie et Ludovic Blanc, professeur au lycée Savina pour le staff. Leurs lumières ont été précieuses pour bien saisir les compétences de chacun des candidats.
Le prix Avenir est le seul prix dédié aux jeunes en formation aux métiers d’art, et un véritable tremplin pour les talents de nos élèves. Il marque aussi pour l’académie une reconnaissance pour les professeurs qui les ont guidés, soutenus, poussés à aller plus loin, parfois contre eux-mêmes.
Félicitations aux deux lauréats qui iront défendre leur création à Paris à la fin de l’année. Tous nos encouragements les accompagnent !
Les lauréats
Ils recevront de notre part une carte cadeau d’une valeur de 250 € dans un magasin de fournitures beaux-arts, et de la part de l’Institut, un chèque de 250 €.
Au niveau 4, Léa Mouquet, qui présentait « The Stool Lines », un prototype de pouf réalisé en staff, destiné à agrémenter l’accueil d’un hôtel particulier parisien. Sa passion pour le staff est née pendant ses études d’histoire de l’art à la Sorbonne. La matière lui plaît tellement que cela devient une évidence pour elle de s’y consacrer. Elle commence par un CAP, puis enchaîne avec un BMA au lycée Savina. Elle peaufinera l’année prochaine ses compétences par une formation à la résine, mais elle a déjà monté sa propre entreprise pour fabriquer ses produits. Elle se partage entre des travaux de rénovation et des collaborations avec des artistes contemporains.
Le jury a particulièrement apprécié la créativité, la maîtrise technique et la maturité professionnelle de cette œuvre, dont la simplicité apparente dissimule de véritables compétences de haut niveau.
Louis Dole, avec sa montre « Disrupt » a su convaincre le jury que son jeu de transgression des codes horlogers pouvait aboutir à un objet équilibré, où tout a du sens une fois passée la sensation perturbante qu’il introduit. Louis, après son bac scientifique, s’est orienté vers le métier d’orthodontiste mais s’est rapidement aperçu que ce ne serait pas sa voie. Pourquoi l’horlogerie, alors ? Parce qu’on y retrouve précision, minutie, rigueur, amour du travail bien fait, mais aussi réflexion et connaissances mécaniques et physiques.
Avec « Disrupt », il souhaite redéfinir l’interaction quotidienne de son porteur avec l’objet horaire, lui offrir une expérience visuelle et conceptuelle unique. L’heure sautante instantanée se lit en sens inverse… des aiguilles d’une montre.
La perfection du cadran émaillé, la superbe carrure en argent, la maîtrise aboutie des complications horlogères font de « Disrupt » un projet remarquable.
Un coup de cœur a été décerné à Eva Lacassagne pour sa montre « Ariadne ». La délicatesse de ce projet, l’ingéniosité dont a fait preuve Eva et la très belle esthétique de son œuvre méritaient d’être soulignées. Fruit d’une recherche sur la thématique de l’héritage, cette montre à heure vagabonde est complétée par un bracelet en marqueterie de cuir. Excellente élève au collège, Eva était toutefois très dissipée. A la recherche d’une orientation qui lui permettrait d’allier art et technique, elle a eu un coup de cœur pour l’horlogerie. Chaque jour lui amène de nouvelles découvertes, et elle poursuivra son chemin en se spécialisant en émaillage horloger.
Les candidats
- Au niveau 4
Paul Bibaut, avec sa pendulette « Terra volcana » nous entraîne dans un voyage maritime. Soclé sur une pierre de lave de Volvic qui lui a posé mille difficultés, son objet horaire est le fruit de la restauration d’un mécanisme ancien à laquelle il a ajouté des touches personnelles, comme l’émaillage grand feu de son cadran qui laisse apercevoir un ciel étoilé quand il est plongé dans l’obscurité. Son écrin velouté se rapproche des codes du luxe.
Valentine Grezynski s’est inspirée du rêve de son arrière-grand-père : avoir une pendule qui initie au voyage. C’est pour sa grande sœur qu’elle a réalisé « Globus Aerostaticus », une pendulette-montgolfière pour laquelle, outre ses compétences horlogères, notamment en restauration d’un mécanisme ancien, elle s’est initiée à la dinanderie pour forger son ballon.
- Au niveau 3
Marie Blouin présente « Abnor », une montre qui affiche un engagement écologique fort. Son bracelet réalisé en algues fines a été un véritable défi à réaliser. De longues heures d’essais ont été nécessaires pour trouver le bon matériau qui résisterait à la découpe et à la couture. Forte de cette expérience, elle recherche un poste en design horloger et poursuit sa formation par un master en design produit.
Noé Giboire recherche avec « Nout » à résister à l’épreuve du temps. Inspirée par la déesse égyptienne des astres, sa montre ne laisse pas deviner sa fonction première au premier regard. Elle exige une approche méditative, contemplative. Ses teintes automnales à la lumière du jour laissent place à une évocation de la voute céleste quand la nuit tombe. Son projet est de travailler dans l’horlogerie d’art, dans la création ou la restauration, avant de créer sa propre marque de montres.
Flavien Macanucco s’est livré à des recherches poussées sur le thème de l’hybridation pour concevoir « Xénomorphosis ». Remarquablement finie, sa montre propose un affichage de l’heure apparemment mystérieux, l’indication du passage du temps se faisant par un code graphique. Les cornes ajourées apportent de la légèreté à son garde-temps, et le verre bombé permet au boîtier d’accueillir un mécanisme complexe mais gourmand en place. Flavian souhaite à présent intégrer l’atelier d’un horloger créateur.